Les vestiges du jour
- La vérité toute simple m’apparut: ces petites erreurs des mois récents ne provenaient de rien de plus sinistre qu’un plan de travail défaillant.
(La vérité toute simple m'apparut: ces petites erreurs des mois récent provenaient d'un plan de travail défaillant, il n'y avait rien de plus sinistre.C'est pas le plan de travail qui est "sinistre", c'est la situation d'avoir un plan de travail défaillant.)
- Indépendamment de la question du personnel, mon nouvel employeur avait déjà eu plusieurs fois l’occasion de faire appel aux quelques qualités dont j’ai le bonheur d’être doté, et j’oserai dire qu’il n’avait pas été déçu.
- Ce Xiang, rien à dire, c’est lui le meilleur.
- Mr.Graham soutenait toujours que cette <dignité> était analogue à la beauté d’une femme, et qu’il était donc vain d’essayer de l’analyser.
- C’était de laisser entendre que la <dignité> était une qualité dont on était doté ou non par un caprice de la nature; dès lors, au cas où on ne l’aurait pas possédée, il serait aussi futile de chercher à l’acquérir que pour une femme laide chercher à devenir belle.
- Dieu sait combien de temps, combien d’énergie ont été consacrés à travailler l’accent et la maîtrise de la langue, combien d’heures se sont écoulées à étudier des encyclopédies et des volumes de jeux culturels et scientifiques, alors qu’il aurait fallu passer ce temps à l’acquisition des éléments fondamentaux.
- Les grands majordomes sont grands parce qu’ils ont la capacité d’habiter leur rôle professionnel, et de l’habiter autant que faire se peut; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume: il ne laissera ni des malfaiteurs ni les circonstances le lui arracher sous les yeux du public; il s’en défera au moment où il désirera le faire, et uniquement à ce moment, c’est-à-dire, invariablement, lorsqu’il se trouvera entièrement seul. C’est, je l’ai dit, une question de <<dignité>>.(65)
- Je déclare pour ma part qu’au fond de son cœur, c’était un homme d’une authentique bonté, un noble véritable, et une personne à qui je suis fier aujourd’hui d’avoir consacré mes meilleures années de service.
- On ne discernait encore aucune trace d’émotion dans son expression, et ses mains appuyée sur le dossier de la chaise semblaient parfaitement détendues.
- Pour la première fois depuis bien des années, j’ai la possibilité de prendre mon temps, et je dois dire que c’est plutôt agréable.(100)
- En fait, je repense souvent à cette conférence et, pour plus d’une raison, je la considère comme un des tournants de ma vie.
- Cela ne m’étonna pas, car un coup d'œil suffisait pour voir que Herr Bremann était quelqu’un de très bien.
- Oh, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez tout dire devant Stevens, je m’en porte garant.
- Vous parlez sans cesse de ma “grande inexpérience”.
- Je serais très heureux de pouvoir me rendre utile, monsieur.
- Je vais m’exprimer avec franchise.
- Lorsqu’un homme est capable de se montrer aussi fourbe qu’il l’a été ces jours derniers, on ne peut pas compter sur lui pour répondre de façon honnête.
- Loyal, honnête, plein de bonnes intentions.
- Si c’est cela, monsieur, le “professionnalisme” dont vous vous réclamez, je ne m’y intéresse guère et ne désir nullement en être doté.
- Je suis heureux de pouvoir rendre service, madame.
- Je voudrais que ceci soit clair : quand je dis que la conférence de 1923, et ce soir-là en particulier, a constitué un tournant vital de mon évolution professionnelle, je me réfère essentiellement à mes propres critères de valeur, qui restent bien plus que humbles. (160)
- En vérité, pourquoi le nierais-je? Malgré les tristes souvenirs qui s’y associent, lorsqu’il m’arrive aujourd’hui de me remémorer cette soirée, je m’aperçois que j’éprouve, à y penser, un sentiment de triomphe.
- A vrai dire, maintenant que j’y repense de façon plus approfondie.
- Nécessairement, un “grand” majordome doit pouvoir faire état de ses années de service en disant qu’il a consacré ses talents à servir un grand homme et, par l’intermédiaire de celui-ci, à servir l’humanité.
- Quel genre de bonhomme c’était.
- un caprice absurde.
- En faisant des mensonges inoffensifs, je choisissais le moyen le plus simple d’éviter une situation désagréable.
- En jetant sur ma carrière un regard rétrospectif, je tire ma plus grande satisfaction de ce que j’ai accompli au long de ces années, et aujourd’hui, je ne ressens que fierté et gratitude à l’idée d’avoir bénéficié d’un tel privilège. (180)
- La satisfaction de pouvoir dire à bon escient que ses efforts, fût-ce à un titre bien modeste, comprennent une contribution au cours de l’histoire.
(Pouvoir dire quelque chose à bon escient c’est dire quelque chose dont on est sure, c’est quand tu sais de quoi tu parles.)
(Il dit de manière générale qu’il est satisfait de savoir que ses efforts vont contribuer à l’histoire.)
- Et non seulement Mr.Farraday est un employeur tout à fait excellent, mais c’est de plus un Américain, à qui on a certainement le devoir tout particulier de montrer les meilleurs aspects du service en Angleterre.
- Les erreurs telles que celles-ci, survenues au cours des derniers mois, ont été, comme il est naturel, éprouvantes pour l’amour-propre, mais il n’y a pas de raison de supposer qu’elles révèlent rien de plus sinistre qu’un manque de personnel.
- Mrs. Barnet, veuve de Mr. Charles Barnet, avait à l’époque plus de quarante ans; c’était une dame d’une beauté remarquable, et même, selon certains, prestigieuse. Elle avait la réputation d’être redoutablement intelligente...
- J’ai tellement souffert du départ de Ruth et de Sarah. Et j’ai souffert d’autant plus que je croyais être seule.
- Il est très intéressant que vous ayez été si pessimiste à son sujet. Parce que Lisa est une jolie fille, on ne peut pas dire le contraire. Et j’ai remarqué que vous manifestiez une aversion curieuse à la présence de jolies filles dans le personnel.
- Se peut-il que notre Mr.Stevens soit finalement en chair et en os et ne puisse pas se fier à lui-même?
- Il s’y trouvait, je m’en souviens, beaucoup de phrases mal bâties et mal orthographiées sur le grand amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, les charmes irrésistibles du deuxième valet de pied, et le merveilleux avenir qui les attendait tous les deux. Une des lignes, si je me rappelle bien, donnait à peu près ce qui suit : << On a pas d’argent mais qu’est-ce que ça fait on a l’amour et ça suffit nous sommes tout l’un pour l’autre qui pourrait vouloir autre chose>>.
- Je suis fautive, Mr. Stevens. Je le reconnais. Vous avez eu raison tout du long, comme toujours, et moi, j’ai eu tort.
- Mais je vois que je m’égare quelque peu dans ces vieux souvenirs. Je n’en avais jamais eu l’intention.
- Miss Kenton, que vous découvriez ou non le titre de ce volume, cela n’a pour moi pas la moindre importance. Mais sur le plan des principes, je proteste contre votre intrusion dans ma vie privée. (230)
- Mon Dieu, Mr.Stevens, mais cela n’a rien de scandaleux. Ce n’est qu’une histoire d’amour sentimentale.
- Cela posé, je n’hésite pas à confesser aujourd’hui -- ne voyant d’ailleurs aucune raison d’en avoir honte -- que je tirais parfois de ces histoires une sorte de plaisir passager. Peut-être ne me l’avouais-je pas à l’époque, mais comme je l’ai dit, quelle honte y a-t-il à cela? Pourquoi ne se divertirait-on pas, sans y attacher d’importance, à des récits où des dames et des messieurs tombent amoureux et expriment leurs sentiments l’un pour l’autre en employant souvent les tournures les plus élégantes?
- C’était une excuse dont vous n’aviez pas besoin, naguère.
- Mais à ce qu’il me semble, lorsqu’on commence à examiner le passé en y cherchant de tels “tournants”, on a tendance, avec le recul, à trouver partout ce que l’on cherche.
- On peut reconnaître un véritable gentleman d’un faux qui est simplement paré de beaux habits. Vous-même, par exemple, monsieur. Ce n’est pas seulement la coupe de vos vêtements, ni même votre élégante façon de parler. IL y a quelque chose d’autre qui révèle en vous le gentleman. Difficile de mettre le doigt dessus, mais ça saute aux yeux.
- C’est incontestablement un grand homme.
- Quoi qu’il en soit, bien que cette affaire soit regrettable, il ne m’apparaît pas que le moindre dommage ait été infligé à quiconque.
- Les années s’écoulent, et rien ne s’améliore.
- En ce qui me concerne, j’ai accompli ma tâche du mieux que j’ai pu, et d’aucun peuvent même dire que j’ai atteint un niveau <>.
- Il faut que je dise, à propos, que je ne suis pas stupide au point de ne pas m’être préparé à une éventuelle déception. Je ne sais que trop bien que je n’ai jamais reçu de réponse de Miss Kenton confirmant qu’elle serait heureuse de me voir.
- C’est-à-dire la fois où, l’ayant laissée seule avec son chagrin, je me rendis compte, sitôt dans le couloir, que je ne lui avais pas présenté mes condoléances.
- Je voudrais que nous nous parlions comme deux amis.
- Je veux dire, il a été pour moi comme un deuxième père.
- J’ai une grande affection pour lui/elle.
- Mais ma position ne me permet pas de montrer ma curiosité de ce genre de questions.
- Vous ne voulez vraiment pas boire un coup avec moi, Stevens? dit-il enfin.
- Nous sommes amis: je vais donc vous expliquer ça franchement.
- Mr.Stevens, il ne faut pas que vous preniez à cœur ce que j’ai pu vous dire tout à l’heure. Je me suis montrée très sotte.
- C’est-à-dire qu’un intense sentiment de triomphe se mit à monter en moi.
- Quel plaisir de vous revoir!
- Nous attendons la venue de notre petit-enfant.
- Mais le fait est que nous risquons de ne pas nous revoir d’ici longtemps. Je me demande si vous me permettriez peut-être de vous poser une question d’une nature un peu personnelle.
- Il faut bien voir qu’on a un sort aussi bon, et peut-être meilleur, que celui de la plupart des gens, et en être reconnaissant.
- Peut-être ne nous reverrons-nous jamais, Mrs.Benn, et c’est pourquoi je vous demande de tenir bien compte de ce que je vous dis.
- Dieu sait que j’ai fait de mon mieux, mais ça ne sert à rien. haha
- Au moins a-t-il eu le privilège de pouvoir dire à la fin de sa vie qu’il avait commis ses propres fautes. C’était un homme courageux.
- Il a choisi un certain chemin dans la vie, il s’est fourvoyé, mais il l’a choisi lui-même, il peut au moins dire ça.
- Arrêtez de regarder tout le temps en arrière, ça va fatalement vous déprimer.
- C’est sûr, on n’est plus de la toute première jeunesse, ni vous ni moi, mais il faut continuer à regarder en avant.
- Il faut que vous preniez du plaisir. Le soir, c’est la meilleure partie du jour. Votre journée de travail est terminée. Vous pouvez vous détendre maintenant, et prendre du plaisir. Voilà comment je vois les choses. Demandez à n’importe qui, ils vous diront. Le soir, c’est la meilleure partie du jour.
- Après tout, que pouvons-nous gagner à toujours regarder en arrière, et à nous blâmer nous-mêmes parce que notre vie n’a pas pris exactement la tournure que nous aurions souhaitée? L’implacable réalité, pour les gens comme vous et moi, c’est que nous n’avons pas d’autre choix, assurément, que d’abandonner notre sort entre les mains de ces grands personnages situés au moyeu de la roue du monde, et qui ont recours à nos services.